The Crone, la vieille femme, extrait de « The Goddess » de Teresa Moorey
Tandis que la Vierge (Maiden) est recherchée et la Mère révérée, la figure que représente la Crone (la vieille femme) reçoit peu d’attention.
Dans notre culture, les vieilles femmes sont souvent négligées et même insultées, et les dons qu’elles représentent, et souvent qu’elles ont à offrir, sont sous-évalués. La vieillesse peut être redoutée et perçue comme une perte d’attraction dans une société où le mâle domine et qui évalue les femmes seulement en fonction de leur potentiel de séduction et de fécondité. Pourtant, c’est dans la Crone que réellement le pouvoir féminin se présente et comme le sien propre.
La Crone est la Sage, l’observatrice, la tisserande, la guérisseuse et la modeleuse. Nous pouvons nous la représenter dans son cottage ou sa cave, rêveuse, en train de confectionner des préparations, en marmonnant. Elle ressemble de près à la Sorcière, ajoutant ainsi à la suspicion éprouvée à son égard. La Crone connaît les chemins entre les mondes et, de fait, elle comprend tout aussi bien les voies de ce monde. Cela peut faire d’elle un personnage dérangeant, mais elle est le réceptacle de la sagesse féminine, des connaissances accumulées de la femme qui n’est plus menstruée mais qui porte en elle-même la coupe de son pouvoir.
Nous envisageons la Crone comme la dernière du trio, mais les Celtes la percevaient première, avant la Vierge (Maiden), puisque la Crone est l’obscurité, et que l’obscurité a existé en premier, dans le vide primordial, avant que naisse la lumière.
Connaissant la valeur des ténèbres, les Celtes faisaient débuter leur jour à la tombée de la nuit, leur année à l’automne, à la fête de Samhain, et la Crone était révérée avant que ne brille la Vierge, donnant ainsi la place d’honneur à son indicible sagesse. Sa présence pénètre furtivement l’équinoxe d’automne et intensifie nos sensations de l’hiver.
La Crone est notre source de sagesse et de compréhension. Elle est la maîtresse de la Connaissance, celle qui recèle tout ce qui a été appris des ancêtres depuis des générations et des générations. Elle connaît les voies de la magie, elle comprend la transformation et elle tisse la toile cosmique, sachant que tout est une part de la Totalité. Elle peut être la douceur, la grand-mère aux joues roses dans son jardin d’herbes ou le fantôme de la terrible vieille harpie. La sagesse de la Crone est parfois douce, parfois acide, tandis qu’elle nous montre comment nous relier à l’univers et à notre Soi profond. Elle est ici sur le bout d’une tige, ou là, dans le grondement de l’orage. Nous pouvons aller à elle lorsque nous savons que nous avons besoin de changements, ou quand nous recherchons la compréhension profonde de toute chose.